Le 28 août 1932, la grande navigatrice Virginie Hériot meurt à bord de son voilier Ailée II après s’être gravement blessée en régate quelques semaines auparavant. Elle avait 42 ans. En 1928 elle avait remporté la médaille d’or aux Jeux Olympiques à la barre d’Aile VI.
Fig 1 : JO d'Amsterdam août 1928, l'équipage français vainqueur sur son 8m JI "Aile VI". Tout à gauche Karl de la Sablière de Gouesnach (Boutiguéry). Virginie Hériot est la seconde en partant de la droite.
De son vivant elle donne plusieurs de ses bateaux à l’Ecole Navale : Petite Aile II, Petite Aile III et Petite Aile V car il faut « développer notre yachting, défendre notre construction, porter haut l’honneur du pavillon de France » comme elle le dédicace sur son livre Goélette Ailée, en 1928.
Sans s’en tenir là, et toujours soucieuse de la formation des officiers de marine, elle lègue à sa mort sa goélette Ailée II à l’École navale.
Fig 2 : Ailée II devant Kerbérénik. "Il était la fierté des son propriétaire et naviguait 10 mois sur 12 avec 24 hommes d'équipage à bord". 57 mètres de long.
Rien ne va pourtant se passer. Le bateau reste au mouillage pendant près de dix ans, et cet avenir sans gloire connaît l’humiliation de l’occupation, avec l’usage de son carré comme mess des officiers allemands, et son sabordage en guise d’adieu en 1944. L’époque n’était pas aux sentiments, le bateau est condamné à la libération, seuls les métaux de la quille sont récupérés et vendus.
On se souvient alors de Virginie Hériot. La vente sert à créer la fondation Virginie Hériot qui va financer la construction de 11 Bénodet destinés à l’Ecole Navale.
Les Bénodet (5,50 m) sont des bateaux en construction classique : bordés jointifs en acajou sur membrures ployées en acacia, le tout riveté cuivre. Leur forme en V profond, avec un maître-bau très plein et un creux important, est très élégante. Gréés en sloop, ils se caractérisent par un mât d’une hauteur qui peut apparaitre immense, mais qui est nécessitée par leur déplacement très fort.
Formant une série de monotypes construits en 1949, leur nom vient de leur lieu de construction à Bénodet, par le chantier Craff. Six sont construits comme « habitables » avec un roof, et les six autres le sont en canots ouverts. Ils seront ensuite uniformisés.
Fig 3 : Embarquement d'un "Bénodet". Le charpentier de marine sur la photo est le père d'Alain Cosquéric du Trez.
Fig 4 : Petite erreur de datation (il faut comprendre 1949). La "marine de guerre" correspond à la Marine nationale.
Fig 5 : Un "Bénodet" en construction chez Robert Craff.
Fig 5 : Navigation dans la rade.
Remerciements à Christian de la Sablière et Alain Cosquéric
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