Basile, Laurent, Marie PERROS est né le 3 mai 1879 à Pont-CROIX, de Jean Marie PERROS, brigadier des douanes, 29 ans, et de Marie Thérèse GUERIN, son épouse, ménagère, 24 ans.
Le jeune Laurent (puisque son premier prénom Basile ne semble pas être celui d'usage), après l'obtention de son brevet élémentaire, intègre l'école normale de garçons de Quimper en 1896.
Fig 1 : Laurent PERROS à Bénodet en 1926
Après ses 2 premières nominations dans le Nord du département, une période de service militaire en 1901 et 1902 puis un court passage par Ergué Gabéric l'instituteur Perros effectue un un très long séjour de 10 ans dans le pays bigouden à Guilvinec, période durant laquelle il épouse le 4 septembre 1905 Marie Madeleine Boillot, institutrice, née à Paris le 3 août 1880.
Fig 2 : Le parcours professionnel de Laurent Perros. Nombreuses étapes entre le nord et le sud du département, entre le Léon, le Trégor, la Cornouaille ( pays bigouden, pays de Quimper, de Quimperlé et enfin de Fouesnant).
C'est toujours dans ce port bigouden que naitra le premier enfant, Laurent, le 5 avril 1908. Mais un an plus tard, le 13 avril 1909, la maman décèdera. Remariage à la mairie de Plonéour Lanvern, le 9 avril 1912 avec une institutrice Anne Marie Le Faou, 24 ans née le 14 décembre 1887 à Quimper.
De cette union naîtra le 30 janvier 1913, Laurence, toujours à Guilvinec.
Alors qu'il se trouve en poste à l'école de quartier de St Thamec en Moëlan sur mer, la guerre éclate et le contraint à rejoindre les troupes. C'est à Moëlan que naîtra le troisième enfant du couple, Marcel, le 30 mars 1918. Laurent achèvera cette période de conflit avec le grade de lieutenant.
2 années au bord de l'estuaire de la rivière de Morlaix à Locquénolé pour un premier poste de direction avant de retrouver le pays bigouden mais cette fois-ci à l'école de St Guénolé en Penmarc'h, toujours en tant que directeur.
5 années qu'il marquera de son empreinte.
Rencontre avec Auguste Dupouy
Auguste Dupouy est né à Concarneau où son père était mareyeur.Dans sa huitième année son père est appelé à diriger une conserverie de poissons à Saint-Guénolé, sur la côte bigoudène. « A Saint-Guénolé, ce fut autre chose. Un pays plat, ras, […] dépouillé, grâce à un vent d’ouest ennemi de tout superflu. […] Du sable, des roches, une lumière vibrante, et pas le moindre boqueteau sur quoi se reposer les yeux. […] Notre mère pleura quand elle vit cette nudité ». Pour le jeune garçon, en revanche, ce fut vite le coup de foudre. L’usine et la maison du gérant sont bâties à quelques mètres de la mer.après à l'école normale supérieure de Paris obtînt son agrégation de lettres et fit une carrière d'enseignant qui s'acheva au lycée Louis Le Grand.
Fig 3 : Couverture du livre d'Auguste Dupouy, "souvenirs d'un pêcheur en eau salée".
« Saint Guénolé eut pendant cette guerre et dans les années suivantes, comme directeur de l’école communale, un pêcheur émérite, M. Perros. Aussi ingénieux qu’ardent, il avait inventé, à l’usage des sardiniers, un piège à bélugas qui intéressa la Marine. Nous ne tardâmes pas à faire connaissance et à sympathiser. Nous ne parlions guère que de pêche : aucun autre sujet n’était plus propre à nous intéresser l’un et l’autre. Il était sur ce chapitre d’une éloquence juvénile et toute tendue vers l’action. Grand, maigre, leste et toujours pressé, il courrait de la maison d’école à la grève et de la grève à la maison d’école et vous entamait au passage une histoire de poissons, dont on aurait perdu la suite si on ne lui avait emboîté le pas. Les pêcheurs professionnels avaient parfois le temps de flâner. Pas lui. Toute sortie en mer, était dans son cas, une escapade. Et les soins à donner à son canot ! Car, non content comme beaucoup de ses collègues, de chercher aux basses mers de vives eaux la palourde, l’ormeau ou la crevette, il possédait un bateau, un minuscule cotre à quille rentrante, dont il était à lui seul l‘équipage. Il avait son corps-mort dans la baie de la Joie, assez loin du bord pour être toujours à flot : car la baie manque de profondeur, ce qui l’empêche de doubler utilement le port de St Guénolé. Pour le va-et-vient, entre la dune et son cotre, il se servait d’une petite plate dont je garde un mauvais souvenir, je dirai ailleurs pourquoi. Un jour, il m’emmena pêcher des maquereaux près de Bass-Gouar. C’est un récif qui affleure aux très basses mers et sur lequel la houle brise avec fureur par gros temps. Les Ponts et Chaussées ont essayé deux fois d’y édifier une tourelle qui serait bien utiles. J’ai vu, plantés dans la roche, les forts crampons de bronze qui devait l’y fixer : les brisants ont tout démoli. Mais ce jour-là, on pouvait mouiller près d’elle. Nous prîmes 8 maquereaux, ce qui n’était pas une merveille. M.Perros ne fréquentait pas les basses de la baie. Mais Bass-Gouar, les Groumili, le Louarn, la Gadorik et les avancées de « l’étang » de la Joie, c’était là son secteur : il l’exploitait supérieurement ».
page 147 A propos de la pêche au merlan : « l’ami Perros, qui a pris sa retraite à Bénodet, m’a m’a dit en pêcher avec du mou de veau dans un diverticule de l’Odet, l’anse de Combrit. »
A propos des relations entre Laurent Perros et Auguste Dupouy, voici ce qu'écrit Jean-Pierre Dupouy, petit-fils d'Auguste, Maître de conférences en littérature française et chercheur associé au Centre de Recherche Bretonne et Celtique (CRBC). "
" J'ai été très intéressé par l'évocation de M. Perros. C'est un nom qui m'était familier quand j'étais gamin et je crois me souvenir que j'avais eu l'occasion de rencontrer à Saint-Guénolé, avec mon père ou mon grand-père, cet ancien directeur de l'école.
Comme je devais me rendre cet après-midi aux Archives du Finistère, où sont déposées les archives d'Auguste Dupouy, j'en ai profité pour voir s'il y avait des papiers le concernant, et j'ai trouvé cette copie manuscrite d'un poème. Est-ce que vous connaissiez ces vers (qui sont loin d'être sans intérêt)?
Fig 4 a "l'épave" feuille 1
Fig 4 b "l'épave" feuille 2
Fig 4 c "l'épave" feuille 3
Fig 4 d "l'épave " feuille 4
Fig 5 mot adressé par Laurent Perros à son ami Auguste Dupouy
Laurent Perros inventeur
Sous le titre "La guerre sur nos côtes", Auguste Dupouy écrit dans "la dépêche de Brest du 8 mars 1926 : "Il ne s'agit pas de sous-marins mais de bélugas, ou prétendus tels. A l'heure qu'il est, une offensive de grand style doit se poursuivre dans les eaux finistériennes contre ces malfaisants cétacés."
Fig 6 : Courrier de 1926 par lequel est évoqué "l'activité de M.Perros, directeur de l'école de St Guénolé Penmarc'h dans l'ordre technique des choses de la Marine. Inventeur d'un fusil spécial destiné à la chasse aux bélugas, M. Perros s'est mis en rapport avec le ministère de la Marine qui a adopté son engin , actuellement en fabrication à la manufacture de Châtellerault"
Fig 7 : courrier de la préfecture portant nomination de Laurent Perros au poste de directeur de l'école de pêche de St Guénolé Penmarc'h.
Pour reprendre la chronologie professionnelle, de 1926 à 1934, Laurent Perros va enseigner à Bénodet, toujours en tant que directeur à l'école de Bénodet.
Fig 8 : Extrait d'un rapport d'inspection du 28 octobre 1928 à l'école de Bénodet dans lequel on peut lire " Aux initiatives de M.PERROS que les précédentes ont signalées, j'ajoute la dernière : la création d'un cours de pêche pour les marins de Bénodet et de Sainte Marine. C'est le 2de année que ce cours fonctionne et M.PERROS pense, déjà, présenter une dizaine de jeunes gens au brevet de pêche.
Laurent Perros artiste peintre
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Fig 9 : Tableau de 1953 représentant la bas de rue Kerguélen : On devine tout à gauche mais maqué par la camionnette, le commerce de Mme Perennec "A la pensée" puis celui de Cycles et motos de Vincent Clorennec, et enfin celui de son gendre René Hémon, époux de sa fille Laurence, électricité générale et articles s'y rapportant.
En 1944 Laurent Perros nommé président de la délégation spéciale
Fig 10 : A la Libération, les enfants des écoles et les marins du corps franc Marine sous les ordres de l'officier des équipages Friant, descendent la rue de l'église. A gauche Laurent Perros président de la délégation spéciale mise en place pour administrer la commune.
Fig 11
Figs 11 et 12 : sans doute 1945 ou 1946 : Devant le monument aux morts. Rassemblement patriotique. Laurent Perros est toujours là mais il n'exerce plus sa fonction.
Laurent Perros s'éteindra à Bénodet le 15 octobre 1966 à l'âge de 87 ans.
Remerciements sincères à Michel Hémon, petit-fils de Laurent Perros, à Jean-Pierre Dupouy, à Roger Lozach, au personnel des archives des archives départementales du Finistère.
Beau portrait d'un homme qui mérite qu'on se souvienne de lui