Ceci constitue le second volet de l'urbanisation du bas du bourg de Bénodet. Il s'agit de l'histoire des concessions foncières accordées donc par l'Etat à des personnes privées qui en faisaient la demande. Plusieurs habitations ont ainsi été construites sur le domaine maritime d'abord, puis fluvial ensuite à partir de 1890 lorsque la rivière Odet a obtenu ce statut de "fleuve" . L'espace géographique concerné se situe entre la partie nord du quai situé devant l'église et l'entrée de la propriété Dauchez (Kergaït). Cet espace-là offre la particularité de posséder un estran qui s'assèche durablement à marée basse. La construction d'un mur, côté ouest (côté Odet donc) n'est pas en soit très difficile à réaliser.
Novembre 1871 : demande commune de concession temporaire réalisée par Mme veuve Le Clinche et son voisin côté nord, Mr Alavoine.
" Ils seront tenus d'établir et d'entretenir définitivement en dehors du périmètre de la concession, un chemin public de 2 mètres de largeur. Les remblais à établir seront soutenus en-dehors de ce chemin par un mur à pierres sèches qui aura un fruite de 1/10 et 1 mètre au moins d'épaisseur moyenne".
Mr Alavoine devra s'acquitter d'une somme annuelle de 33 frs 35 et Mme Le Clinche d'une somme de 43 frs 20.
Remarquez la maison Alavoine, maison de caractère, en avancée vers la rivière.
plan de la concession dans son environnement urbain. A noter en bas et à gauche du document, la coupe qui montre bien le mur de soutènement à réaliser avec au-dessus le cheminement public.
1875 : la concession définitive de Mme veuve Le Clinche, née Anne-Marie Divanach et épouse de François Baptiste décédé en 1861. En octobre 1875 Mme veuve Le Clinche demande et obtient la concession définitive de la parcelle en rouge sur le plan, qu'elle achète au prix de 914 frs 54. Elle a obligation de conserver le chemin de servitude et "de le raccorder à ses frais au quai actuel du port de Bénodet".
On peut noter également qu'au nord de la concession Alavoine, une autre concession a été accordée au commandant Ansquer d'Amphernet, propriétaires du manoir et du domaine de Quillien en Pleyben.
Photo prise avant 1940 qui montre la terrasse couverte du Grand Hôtel. Cette photo montre bien l'ancienne concession Le Clinche et le petit chemin public qui permettait le passage le long de l'Odet. La cale qui existait au nord du quai (voir document précédent) n'a pas été remblayée quand ce même quai a été élargi en 1905.
Vue aérienne vers 1920. A partir de l'église St Thomas sur la gauche (au sud) et en allant vers la droite (nord), on remarque en bordure de l'Odet un premier terrain vierge, puis un kiosque en bordure du chemin de servitude et deux maisons mitoyennes. Celle qui est la plus au sud n'apparaît pas sur le plan de 1875 (voir plus haut). Par contre sa voisine correspond à la maison de Joseph Alavoine. Ensuite un terrain clos mais vierge (à cette date) de constructions qui correspond au terrain des Ansquer d'Amphernet. Enfin une grande maison, celle de Mme Perrotin qui deviendra par mariage Mme Marinier.
Plan très sommaire de 1907. On remarque sur la partie gauche (nord) que les terrains Perrotin (Marinier) se trouvent sur ce que l'on appelle aujourd'hui la rue haute fontaine, haute fontaine que l'on aperçoit en bleu, raccordée au lavoir. De ce lavoir s'écoule un petit ruisseau.
Document non daté mais d'un intérêt certain. On remarque tout d'abord que l'urbanisation du secteur se développe encore et ce sur des espaces pour le moins réduits : à proximité de la haute fontaine, 3 bâtiments sont construits en contrebas du chemin de grande communication de Quimper à Bénodet (aujourd'hui avenue de l'Odet). La pétitionnaire est Mme Veuve Hardy commerçante à Bénodet depuis plusieurs années comme l'atteste la facture ci-dessous réalisée pour Mr Michel qui à l'époque construisait le second phare de la Pyramide (le grand phare).
"L'an 1900, le 24 janvier, il a été procédé à la vente aux enchères publiques d'un terrain d'une superficie de 540 m2 environ, dépendant du domaine public fluvial et situé sur la rive gauche de l'Odet à Bénodet, appartenant à l'Etat. Ce terrain a été mis en vente sur la mise à prix de 860 francs. Un premier feu a été allumé pendant la durée duquel diverses enchères ont été portées. La dernière portée par Mathieu Louédec, propriétaire à Poulpry a élevé le prix à 2 000 francs. Mathieu Louédec a été déclaré adjudicataire".
Sur le plan il est également noté que cette concession a ensuite été acquise par Madame Perrotin (du Vouërec).
Avril 1914, demande de concession par Pierre Le Goff entrepreneur sur l'espace situé au nord de la concession Perrotin. Problème technique à solutionner, celui de l'écoulement des eaux de la Haute Fontaine et du lavoir attenant. Il est donc demandé à Mr Le Goff de réaliser un aqueduc dont le tracé apparaît en pointillé sur ce plan.
Dessins de l'aqueduc à réaliser dans la concession Le Goff et du mur de soutènement. On constate que "le marchepied", le chemin public doit bien faire deux mètres de largeur.
Photo jacques de Thézac (collection musée départemental breton Quimper). Photo hélas non datée et qui interpelle pour le moins. Au premier plan, à droite, le lavoir communal attenant à la Haute Fontaine. A gauche la toiture de ce qui pouvait être le chantier naval de Corentin l'Haridon (père), dit aussi "L'Haridon bois". Côté rivière, à gauche, la maison et le commerce de Jean l'Haridon dit "L'Haridon fer". Cette habitation et le garage attenant semblent être construits sur la concession précédente de Pierre Le Goff. Sur la droite de la maison de Jean L'Haridon, une autre maison qui selon toute vraisemblance doit être celle de Corentin (Le) Goardet, maison construite en 1922 Enfin, tout à droite, près de l'entrée de la propriété Dauchez, la maison du pilote, Joseph Bargain qui revendra ensuite sa concession et donc sa maison à Pierre Le Goardet, fils de Corentin en 1932.
Le cinquième document que j'ai présenté, une photographie aérienne, montrait un espace non bâti qui correspondait à l'époque à la propriété Ansquer d'Amphernet.
Cette photographie réalisée en 1928, outre le fait qu'elle permet de bien visualiser le mur de soutènement de toutes les concessions et son marchepied, offre une vue sur plusieurs constructions. Au premier plan, la fin de la construction de la maison de Paul Jachiet, "Ker Bonnaventure", très identifiable avec son toit de tuiles de couleur rouge. A sa gauche, la boulangerie Monfort et son fournil surmonté d'une haute cheminée.
(remerciements pour la photo à Didier Parreillet, petit-fils de Paul Jachiet).
Un bureau des douanes existait sur le port de Bénodet autrefois et les douaniers présents
Des photos existent elles de cette époque ?