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Photo du rédacteurRenan Clorennec

LE DESTIN TRAGIQUE DE MATHIEU RANNOU

C'est le 3 février 1893 que naquit le petit Mathieu (le même prénom que son père), fils d'un aubergiste du haut du bourg et de Marguerite Quénéhervé son épouse. le papa décède à Bénodet le 29 octobre 1903 et la maman Marguerite continue l'activité commerciale. En 1911, le commerce est passé entre les mains d'une des filles, Marie-Jeanne qui le 25 janvier 1905 a épousé Mathieu Louédec, né à Fouesnant mais qui connait bien la population locale car un de ses frères, Yves, est cultivateur à Kerambechennec et qu'un cousin, Mathias, marin-pêcheur, habite Keranguyon.


Fig 1 : La boucherie, débit de boissons Rannou en haut de la rue de l'église. Le calvaire situé au pignon Est de la maison est toujours là...


Fig 2 : Extrait du dénombrement (recensement) de la commune de Pleuven en 1911. On constate que Mathieu Rannou, alors âgé de 18 ans, vit chez son frère aîné Yves, et que tous les deux exercent la métier de clerc de notaire chez maître Gourmelen au bourg.


2 ans plus tard, à 20 ans, en 1913, il doit passer le conseil de révision mais est ajourné pour un an pour cause de faiblesse. Il sera néanmoins incorporé le 27 novembre 1913.

Il est intégré en août 1914 dans le II° régiment d'infanterie coloniale, "parti en détachement le 8 août 1914, il est fait prisonnier le 22 août de la même année à Rossignol (Ardennes belges)". Pour lui la guerre est terminée. Elle aura duré 19 jours !!!

Sur sa fiche matricule, on peut lire ceci : " fait prisonnier sans aucune indication de lieu d'internement". Le récit de l'histoire de Mathieu Rannou aurait pu s'arrêter là... sauf qu'une très récente découverte nous permet d'écrire une petite suite.


Fig 3 : dos d'une carte photo adressée par Mathieu Rannou à Madame veuve Mathias Louédec, demeurant à Menez nevez (quartier du Meneyer). L'écriture n'est pas facile à déchiffrer mais on peut lire que cette carte a été adressée de Ohrdruf dans la province de Thuringe (centre de l'Allemagne) le 25 octobre 1915.



Fig 4 : le recto de la carte photo écrite ce 25 octobre 1915. Il s'agit selon toute probabilité de Mathieu Rannou lui-même.


Fig 5 :Un groupe de prisonniers français dans ce même camp d'Ohrdruf.


Mais revenons à cette fameuse carte photo et à sa destinatrice, Madame veuve Mathias Louédec. Il était indiqué en introduction de ce petit "article" qu'une des soeurs de Mathieu Rannou, Marie-Jeanne avait épousé Mathieu Louédec et que le couple avait pris les rênes du commerce Rannou. Il était également signalé que parmi les témoins du mariage de ce couple Rannou-Louédec se trouvait Mathias Louédec marin pêcheur demeurant à Keranguyon. Celui-ci est décédé en mer en novembre 1914 mais on ne retrouva jamais son corps. Il avait épousé après le décès de sa première femme, Marie Jeanne Pennec de Gouesnach. Il est donc probable que la carte photo adressée par Mathieu Rannou était destinée à Marie Jeanne.


Quant à Mathieu Rannou, après l'armistice, il est de retour en France le 28 décembre, mais manifestement très affaibli puisqu'il décède le 12 mars 1919 à l'hôpital St Martin de Boulogne sur mer le 12 mars 1919. Il avait 26 ans !


Fig 6 : Le dernier nom sur le monument aux morts de Bénodet : victimes de la première guerre mondiale.

Sincères remerciements à Christophe Rochet, sans qui cet "article" n'aurait jamais vu le jour.

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1 Comment


CATHERINE LE GARS
CATHERINE LE GARS
May 03, 2022

Merci Renan pour cette page d'histoire (familiale me concernant puisque la mère de Mathieu était la soeur de mon arrière arrière grand père) .

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