Qui se souvient du commissaire Eugène Le Faou ?
- Renan Clorennec

- 21 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 août

Origines familiales
Le 24 avril 1908 la petite Corentine Julie Marie Louise Coïc voit le jour à Ker Moor à Bénodet où son père Jean-Marie, originaire de Combrit où il est né le 23 septembre 1882, exerce le métier de jardinier.
La maman, Anne-Marie Le Caïn est âgée de 20 ans et est née le 19 octobre 1887 à Kerc'hoz en Bénodet, de Jules, marin pêcheur et de Marie Louise Le Breton son épouse.
Jean-Marie et Anne-Marie s'étaient mariés à Bénodet le 26 mai 1907.
La petite Corentine est donc née à Ker Moor et selon toute vraisemblance dans la grande demeure qui à cette époque était la propriété de Rodolphe Koechlin.



Fig 4 : Anne-Marie Le Caïn - Coll. Pierre Coïc
Eugène Le Faou, lui, est né le 26 novembre 1905, à Lesconil, commune de Plobannalec, de Pierre, 26 ans, marin pêcheur et de Perrine, 26 ans également. Il sera l'aîné de 12 enfants.


Carrière professionnelle :
Le 8 avril 1931, à Quimperlé Corentine et Eugène se marient. Quimperlé où vivait la famille Coïc.
Après Bénodet et les Koechlin, Jean Marie Coïc et sa famille s'étaient installés en effet à Lanniron en Ergué-Armel puis plus tard à Quimperlé où ils résideront place Lovignon, non loin du "pont fleuri" dans la basse ville. Jean-Marie laissa vers 1945, l'exploitation familiale à l'un de ses enfants, Hervé et le couple resta dans les environs puisqu'ils louèrent une maison dans ce même quartier.
A la date de son mariage, Corentine, après avoir avoir passé entre 1925 et 1928, 3 ans à l'école normale de filles de Quimper, est en poste à Kerity en Penmarc'h alors qu'Eugène est agent de police.

Fig 7 : Lécole communale de Menez Bily, commune d'Ergué-Armel, en bordure de la route de Bénodet.
Corentine, ensuite, enseignera durant 1 an à l'école de St Evarzec avant d'obtenir son affectation à l'école de Menez Bily en Ergué-Armel.

Eugène lui, sera marin pêcheur comme son père de 1918 à 1925 avant d'effectuer son service militaire entre 1925 et 1927. Agent de police de 1927 à 1934 puis brigadier, chef de service de 1934 à 1942.
Renvoyé de la police en 1942 alors qu'il était en poste à Quimper , il devient chef appariteur à la mairie de Quimper du 1er janvier 1943 au 31juillet 1944.
Plutôt bon signe quand on se fait renvoyer de la police en 1942...
Eugène Le Faou dans la Résistance


Pierre Dréau , capitaine de la Marine Marchande en retraite, commerçant à Lesconil est un agent de renseignement et une figure de la Résistance bretonne . Capitaine, nommé à ce grade en 1943 par décision du Bureau Central de Renseignement et d’Action ( BCRA) à Londres. Il est probablement l’auteur d’une carte représentant les défenses côtières implantées en 1944 sur la côte du Pays bigouden de Plozévet à Bénodet. Dans "Guerre et Résistance en Pays Bigouden"

" J'ai aidé Théo Coulinec" parachuté pour mission spéciale". DOARÉ Théodore dit "Théo" né le 5 juillet 1920 à Tréboul. Chef du réseau "Menhir" rattaché au réseau TURQUOISE et chef de la mission COULINEC.

Fig 12 : Théodore Doaré de Tréboul http://memoiredeguerre.free.fr › reseaux › turquoise-blavet

Sur les huit membres du réseau « Turquoise » arrêtés le 22 avril 1944, six sont morts en déportation M ; et Mme Forget, leur fille, M. Reverchon, Guy Quenet de Quimper, Bernard Ansquer de Douarnenez.

Ce dernier document nous apprend également qu'Eugène Le Faou, qui avait été écarté de son poste de policier à Quimper fin 1942, réintègre le service avec rang de commissaire principal.
"Pris contact avec "Le Poussin "et "Berthaud", qui m'ont chargé de la direction du commissariat de police de Quimper. J'ai donc pris ces fonctions le 4 août 1944 (# ) au départ des Allemands, muni d'un ordre de mission du commandant Berthaud, chef départemental des FFI".
# La Libération "véritable" de Quimper n'interviendra que le 8 août.
L'ensemble de ces missions à hauts risques valurent à Eugène Le Faou de nombreuses citations et distinctions.



Fig 17 : Citation comportant l'attribution de la croix de guerre avec étoile de bronze

Une carrière de commissaire qui se poursuivra à La Rochelle
En fin d'année 1951 Eugène Le Faou est nommé commissaire de police à La Rochelle alors que son épouse Corentine est en poste à l'école de la rue du pont à Douarnenez.
Une permutation avec une collègue en poste en Charente maritime lui permettra de rejoindre son époux.
A leur retour en Bretagne, en 1960, la famille s'installera à Bénodet, avenue de l'Odet.

Eugène s'investira dans la vie locale en devenant adjoint au maire de Jean Louis Faou, qui comme lui était originaire de Lesconil et fils de marin pêcheur.
Sources : Archives du Service Historique de la Défense à Vincennes - GR 16 P 352587
et GR 28 P 4 451 116
archives départementales du Finistère pour le dossier d'institutrice de Corentine Coïc épouse Le Faou : 86 W 144 14
Remerciements : la petite fille de Corentine et Eugène : Catherine -
Pierre Coïc neveu de Corentine Le Faou et généalogiste des famille Coïc et Le Faou .
Martine Riou pour ses recherches au SHD de Vincennes.
photo koechlin



Merci Renan pour cette histoire. Je regrette que le grand père Jean-Louis ne nous a pas laissé beaucoup de souvenirs, comme cette relation avec Eugène Le Faou.