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Photo du rédacteurRenan Clorennec

EVOLUTION URBAINE DANS LE SECTEUR OUEST DE LA PLAGE DU TREZ

Dernière mise à jour : 10 avr.

Comment un espace littoral remarquablement situé a bénéficié de circonstances particulières pour s'ouvrir à l'urbanisation ?



Fig 1 : le cadre géographique du secteur étudié (à partir du plan cadastral (1840) de la commune de Perguet, section A).

Le fort du Coq et sa butte n'apparaissent pas.



Fig 2 : La propriété foncière en 1876


Le fanal du Coq est réalisé et on peut remarquer que la totalité de la propriété foncière de l'espace appartient à M.de Kergos. Toujours pas de fort du Coq et toujours pas de butte.


Circonstance 1


En 1876, la donne foncière va radicalement changé par une décision judiciaire : " Par suite de saisie immobilière à l’audience des criées du tribunal civil siégeant à Quimper, et à la requête du sieur Florentin FRION, négociant demeurant à Paris, rue de Bourgogne n° 6, créancier poursuivant et saisissant qui continue pour son avoué près le tribunal civil de Quimper, Mr Michel Miossec, avec élection de domicile à son étude sise à Quimper, rue Kéréon n° 2.

Contre

1° Mr François Alain Marie de Kernaflen de Kergoz, précédemment négociant demeurant à Paris, rue de la chaussée St Aubin n° 18, puis rue de la Fayette n° 50, actuellement militaire au 3ème régiment de chasseurs, domicilié au château de Kergoz en la commune de Clohars-Fouesnant.

2° Mr Henri Ponthier de Chamaillard père, avocat, demeurant et domicilié à Quimper, en sa qualité de conseil judiciaire du dit François Alain Marie Henri de Kernaflen de Kergoz, débiteurs et parties saisies.


Audience publique des criées du tribunal civil de 1ère instance séant à Quimper tenue le 29 septembre 1876 à 11 heures du matin.

Adjudication des biens immeubles par surenchères situés à Créac’h conar, près Bénodet et au lieu-dit Manérick Kerloch et compris des 2,3,4,5,6,7,8 et 9 lots de l’enchère réservés sur la mise à prix de 21 250 francs.

Monsieur Miossec avoué, au nom de Pierre Le Cain, propriétaire cultivateur à Keraven en la commune de Perguet, présent à l’audience et acceptant, pour une somme de 21 350 francs".


A la suite de cette adjudication, les lots qui concernent le secteur géographique étudié seront majoritairement acquis par Pierre Le Cain comme on peut le lire, sauf les 2 lots les plus à l'ouest qui eux le seront par un cousin, ancien maire de Gouesnach, Jacques Le Cain, également cultivateur.




Fig 3 : la propriété foncière vers 1890 après les acquisitions des cousins Pierre et Jacques Le Cain. le fort et sa butte sont bien là !!!


Circonstance 2


Fig 4 : Une carte souvent utilisée et datée 1894. A noter que les indications de propriétés sont fausses pour l'espace étudié car depuis 1876, on l'a vu, M.de Kergos n'en est plus le propriétaire. C'est l'espace en rose qui doit retenir l'attention : l'espace dégrevé, c'est à dire que la servitude "non altius tollendi" qui le frappait est levée. Cette servitude est maintenue sur l'espace en jaune (cette servitude instaure une limite au propriétaire du fond servant en lui interdisant de bâtir, ou de surélever un immeuble au-delà d’une certaine hauteur afin de sauvegarder les intérêts du propriétaire du fond dominant et lui éviter une perte de vue, par exemple) , ce qui est le cas ici. Cette servitude est à mettre en relation avec le faisceau du phare de la Pyramide.

En résumé, les terrains inconstructibles lors de l'achat en 1876 vont pouvoir le devenir (secteur en rose).


Circonstance 3

Vente par adjudication des propriétés de M Pierre Le Cain suite à son décès intervenu à Bénodet le 19 juillet 1900, à l'âge de 50 ans, rentier à Keraven Bihan et célibataire.

C'est cette circonstance liée à son statut civil qui va entraîner la vente par adjudication de ses nombreuses propriétés, surtout foncières.

Pour ce qui est de l'espace qui nous intéresse, sa situation privilégiée eu égard à son nouveau "statut" et à la période (en 1900 l'activité liées aux bains de mer était réelle) ont fait que celui-ci fut divisé en 5 lots sur un total de 15 pour l'ensemble de l'adjudication.


  • Lot n° 10 : Une surface de 18 ares 79 centiares de terre à prendre dans un champ de lande nommé « parcou loch » sis aux issues du lieu-dit « maneric Kerloch » en la commune de Bénodet,  classée au plan cadastral sous le numéro 212 A. Mise à prix 900 francs et remporté par M.Auguste Cap père pour 1650 francs

  • Lot N° 11 : Une surface de 19 ares, 44 centiares de terre à prendre dans un champ de lande nommé « parcou loch » et dans la parcelle nommée « parcou alloch » sis aux issues du lieu-dit « maneric kerloch » en la commune de Bénodet et classée au plan sous les n° 219 et 209 A. Mise à prix 1100 francs et lot remporté par M.Pierre Kerfer pour 1500 francs

  • Lot n° 12 : une surface 41 ares et 42 centiares de terre à prendre dans les parcelles site s »parcou alloch , Manéric kerloch, et parcou loch » sis au lieu-dit Maneric Kerloch en la commune de Bénodet classées au plan cadastral dans les n° 209, 210, 211 et 212 section A. Dans le présent lot est compris la maison construite en pierres et couverte en chaume, ayant simple rez de chaussée, dite « Maneric Kerloch » numéro 210 section A du plan. Mise à prix 2000 francs et lot remporté par M.Pierre Kerfer pour 3700 francs

  • Les familles de ces acquéreurs, à l'exception de la famille Kerfer (à priori...) sont encore présentes sur Bénodet de nos jours. Pierre Kerfer, négociant en grains spéculera sur ces acquisitions et les morcellera, non en conserver une sur laquelle sa veuve fera bâtir la villa "Ty Sable".

  • Lot n° 13 : Lot sur une surface de 26 ares et sept centiares de terre à prendre dans deux champs sous lande noms tous les deux « parcou loch », sis aux issues du lieu-dit Maneric Kerloch en la commune de Bénodet classés sous les n° 212 et 213 A . Mise à prix 1300 francs et lot remporté par M.Pierre Kerfer pour 2250 francs

  • Lot n° 14 : Une surface de 26 ares 32 centiares à prendre dans 2 champs sous lande nommés tous deux « parcou loch » sis aux issues du lieu-dit « maneric Kerloch » en la commune de Bénodet, classés au plan cadastral sous les n° 212 et 213 A. Mise à prix 1300 francs et lot remporté par Mme Christine Galland veuve de Gustave Levainville pour 2600 francs


  • 15° et dernier lot : Une surface de 23 ares 39 centiares à prendre dans 2 champs sous lande nommés tous deux « parcou loch » sis aux issues du lieu-dit « maneric Kerloch » en la commune de Bénodet, classés au plan cadastral sous les n° 219 et 213 A.Mise à prix 1100 francs et lot remporté par M.Fernand Dauchez pour 1650 francs

Fig 5 : " Ty Sable" La maison de la famille Kerfer construite par son épouse (Pierre Kerfer est décédé en 1907). Cette maison est construite en retrait de la plage A l'arrière-plan, on devine la butte du fort.



Fig 6 : Toujours dans la propriété de "Ty Sable" en 1911, une jeune servant locale devant le tennis. A l'arrière-plan la maison de Paul Canevet, négociant en vins quimpérois, construite sur une parcelle de terre vendue par Pierre Kerfer et située le long du chemin de "hent glas", (avenue de la plage aujourd'hui) et en contre-bas de la maison (détruite depuis peu) d'Auguste Capp (acquéreur du lot n° 10). Cette maison de Paul Canévet existe toujours, à l'angle de l'avenue de la plage et de la venelle ty men.



Fig 7 : La villa Ker Annaïc" à M. Paul Canévet de Quimper.

Au premier plan l'impasse Ty Men qui donnait accès aux lots 14 et 15 de l'adjudication des biens de Pierre Le Cain.



Fig 8 : La maison Kerfer (Ty Sable") à gauche et à droite une autre villa construite dans le même espace géographique, les "blancs sablons" dont le premier propriétaire est à cette heure inconnu mais qui dans les années 1930 appartenait à M. Brard, négociant quimpérois une fois encore. C'est dans cette maison que séjourna plusieurs fois Jean Moulin, à l'invitation d'Augustin Tuset, neveu par alliance de M. Brard.


Remerciements au personnel des archives départementales du Finistère.








   


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