Nous avions lors de dernier article, laissé Maurice Capron à la date du premier mai 1944 alors qu'il croupissait dans une geôle de la prison Jacques Cartier de Rennes et se plaignait de la faim.
Fig 1 : Document provenant du fichier départemental des déportés et mis en ligne il y a peu par les Archives départementales du Finistère. Sur la carte personnelle de Mme et M Capron, l'adresse de la famille, 1 rue d'Infroi à Douai.
Fig 2 : suite du document avec l'adresse de Bénodet, "Ty Mengleun" et également la date d'arrestation pat la Gestapo le 29 février 1944.
Fig 3 : Les divers lieux d'internement après l'arrestation. Le premier est bien la prison St Charles à Quimper, puis celle de Rennes Jacques Cartier. Au camp de Compiègne, il ne reste que 3 jours puis départ pour Hambourg
Allocutions prononcées ce jeudi 18 juin 1992
Chers amis,
Nous voici réunis pour commémorer l’appel que lançait le Général de Gaulle le 18 juin 1940 : ce fut, après la défaite humiliante pis, l’occupation du pays par l’armée allemande, le point de départ d’une période dangereuse, mais exaltante, pour ceux qui ne pouvaient se résigner à être privés de la liberté, après avoir perdu l’honneur.
L’un des premiers à se lancer dans la lutte alors clandestine fut Maurice CAPRON, dont nous évoquons ici la mémoire. Certains d’entre nous gardent encore le souvenir de cet homme discret. Il avait terminé la Grande Guerre avec la grade de lieutenant pilote de chasse, titulaire de la croix de guerre avec palme. Il fut encore mobilisé en 1939 avec le grade de capitaine, à l’Etat-major de la 6° brigade aérienne. Démobilisé en 1940,il vint s’installer à Bénodet, ne pouvant reprendre ses activités commerciales dans le département du Nord dont il était originaire. Et tout de suite, il prit contact avec l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée). Commençait alors une activité ingrate, parce que naturellement prudente et clandestine, avec des moyens limités. Le but premier était de constituer un noyau de partisans déterminés, si bien que l’on peut considérer que Maurice Capron fut à l’origine du groupe « VENGEANCE » dans le canton de Fouesnant, groupe qui, en s’étoffant, devait par la suite fournir l’essentiel des effectifs de la 7° Compagnie F.F.I.
Mais le capitaine Capron n’a pas connu la récolte du grain qu’il avait semé. Le 29 février 1944, il était arrêté à son domicile de Ti Mengleun. Commença alors le calvaire de cet homme de 52 ans, sa déportation au camp de Neuengamme, où il est mort, comme tant d’autres, de faim, de soif, de mauvais traitements.
Il n’est pas inutile de rajouter que son fils Claude fut des nôtres, tandis que Georges, le fils aîné, poursuivait sa formation de pilote de chasse en Angleterre, puis aux USA.
Nous sommes ici les artisans d’un devoir de mémoire. Il est facile d’ironiser sur ce qu'il est convenu d’appeler « la mentalité d’ancien combattant. Mais il est plus difficile, pour ceux qui n’ont pas connu cette époque,d’imaginer « la traction avant » noire qui s’arrête là, devant Ti Mengleun, et les deux policiers sinistres en manteaux de cuir noir, qui emmènent un brave homme pour un voyage sans retour. Il est impossible d’imaginer, sans l’avoir vécu, le calvaire de la déportation.
Cette allocution préparée par Louis Nicolas de Bénodet a été prononcée le 18 juin 1992 lors de l’inauguration de la stèle à la mémoire de Maurice Capron. L’amicale de la 7° Compagnie était représentée par son Président Alain Person, Pierre Le Beuz (porte-drapeau), Jean Morvan, Yves Guillou, Alain Clément, Pierre Nédélec, Corentin Viol, Jean Person…
Fig 4 " Louis Nicolas dont le rôle fut essentiel dans la création de la section locale du groupe "Vengeance". Un exemple de discrétion et de droiture. Photo prise lors de l'inauguration de la stèle érigée en l'honneur de Maurice Capron le 18 juin 1992.
Mais le moment poignant de la cérémonie fut celui où le docteur François Maubras *de Plogoff, vînt dire d'une voie sourde et grave comment il connut Maurice Capron au camp de Neuengamme, un camp de 700 déportés de plusieurs nationalités où il n'y avait pas de bâtiment, rien à manger et rien à boire.. Tout de suite le nombre de décès fut important et M. Capron, dans les plus âgés, mourut très vite (le 3 janvier 1945).
" Ceux qui l'ont vécu savent qu'on supporte la faim, on peut peut même manger de l'herbe, mais on ne résiste pas à la soif et on meurt avec une fièvre qui dépasse les 41 °. Tout ce qu'on a pu écrire sur les camps de déportés n'approche pas la réalité. Nous ne sommes pas sur la même planète". Et M. Maubras s'excusant de ne pouvoir continuer mais sans rappeler que Maurice Capron, lui a laissé le souvenir d'un homme remarquable de droiture et de de foi.
Issu d'une famille de patriotes de Plogoff, François Maubras, dès 1940, n'accepte pas l'armistice signé par Pétain, pas plus que la défaite et encore mois la servitude. Etudiant en médecine, François, comme sa soeur Odile, entre dans le réseau de renseignement «Jade-Fitzroy», . Fin décembre1943, François Maubras réfractaire au STO (service de travail obligatoire) est arrêté par les Allemands. François partira de Compiègne dans un wagon à bestiaux pour le camp de concentration de Neuengamme le 24mai 1944, et sans doute beaucoup par chance, et peut-être aussi grâce à ses connaissances médicales, François rentrera en 1945 du terrible kommando de Falersleben.
Merci Renan. C'est poignant, surtout maintenant!
J'aime l'article mais suis triste pour son contenu... Mr Capron et ses amis ont tout mon respect (et je le remercie d'avoir contribué à ce que je naisse dans un monde libre)