Suite aux attaques aériennes opérées par l'aviation alliée les 8 et 9 août, qui firent 3 victimes et 40 blessés parmi les forces allemande et qui occasionnèrent de sévères dégâts sur les navires (moteur babord avarié sur le M 12, dégâts matériels sur le M 21), la Kriegsmarine juge plus prudent de replier la flotille sur Lorient dès le lendemain. A quoi bon conserver une base navale maintenant désertée par ses navires ? Il y reste 80 marins appartenant à l'Etat-major de la 2° flottille à l'arsenal, aux stations voisines et 90 militaires de l'armée de terre, 6 pièces légères de la Flak.
Krancke (amiral) nous dit : "Sur ordre du XXV°corps d'armée, le port est abandonné compte-tenu qu'il ne peut être défendu contre les blindés".
Les équipages, armements, munitions, doivent être évacués sur Concarneau. Il est très probable que le port, rendu autant que possible inutilisable, sera très bientôt remis en service par l'ennemi (ce qui sera effectif le 26 aout).
Mais avant de quitter Bénodet et l'estuaire de l'Odet, les Allemands vont assurer un certain nombre de tâches :
destruction des phares de la Pyramide et du Coq à Bénodet et de celui de Combrit.
Fig 1 : le feu du Coq détruit
Fig 2 : le feu de la Pyramide détruit. Il retrouvera sa hauteur initiale en 1950
"La démolition du grand phare tombant sur Ker Tann # a écrasé le garage dans lequel se trouvaient nos tableaux, panneaux de peinture : la ferme, la moisson, le printemps, l'automne, le baptême, les femmes à la fontaine, une vue de mer de Concarneau. C'est providentiel que la famille Debailleul ait été épargnée ainsi que leurs voisins mais Ker Tann est bien démolie". Madame Boissel mère.
# Ker Tann est la villa située au pied du phare. La famille Boissel avait décroché les tableaux des murs du Grand-Hôtel et les avaient rangé dans le garage de cette villa.
Fig 3 : le phare de Combrit a perdu sa tourelle
couler les bouées d'entrée de chenal de la Potée et de la Rousse
destruction à l'extrémité de la cale de Ste Marine du bac à vapeur. A noter qu'un canon anti-char se trouvait près des débris du bac.
Le filet sous-marin qui fermait la baie (voir document 5 ) n'a pas été enlevé.
destruction du dock flottant qui servait d'appontement aux dragueurs de mines.
Fig 4 : Le dock flottant totalement détruit et en arrière-plan la villa de Kergaït victime elle d'un incendie involontaire le 30 octobre 1940.
Fig 5 : Croquis du 21 août 1944 indiquant l'ensemble des destructions.
Le 11 août Bénodet a été évacué, son personnel transféré à Concarneau. Le capitaine du port a envoyé des groupes de choc pour aider à son retour. Le groupes ont eu de rudes accrochages avec les terroristes (expression utilisée par les Allemands pour désigner les Résistants)) près de Fouesnant
"Les derniers Allemands quittent Bénodet le 11 août : Vers 15 heures, 200 boches fortement armés (notamment de de mitrailleuses lourdes et de 2 canons de 47) répartis dans 11 véhicules quittent Bénodet à destination de Concarneau.
Le secteur est libéré. Le dernier Allemand que l’on verra à Bénodet sera un adjudant encore arrogant, bien que ridicule, dans un archaïque char à bancs du type bigouden, « réquisitionné » dans quelque ferme et tiré par un trop bel alezan. Il s’arrête devant l’atelier de M. GUILLOU, forgeron, et, sous la menace du revolver, le sous- officier veut obliger l’artisan à ferrer son cheval. Ce dernier lui aurait répondu (en breton probablement : " S'il peut pas marcher, t'as qu'à rentrer à pied !".
Fig 6 : François Guillou : Maréchal-ferrant rue l'ancienne poste (rue Kerguélen) et père de Yves et François Guillou.
Sources : - Extraits du "Finistère dans la guerre Tome 2 La Libération" d'Alain Le Grand -
Article sur "les derniers jours de la Kriegsmarine à Bénodet" série W archives départementales du Finistère Quimper
- Rapport de l'officier de 2° classe Friant, commandant le groupe Marine FFI de Quimper en poste à Bénodet (21 août 1944)
Remerciement à Georges Batard et son épouse fille de François Guillou. et à Jean Maës.
Je n'avais jamais vu le phare du coq et celui de Combrit détruits... ni le plan. Encore un article passionnant Renan, merci ! Ma grand mère parlait peu de Bénodet occupé hormis la distribution de la soupe faite par mon arrière grand mère Michelet aux réfugiés, les moments ou la famille est partie se réfugier dans la ferme de jean et Alexandre sur la route de Fouesnant (le nom de la ferme m'échappe) quand Bénodet s'est retrouvée sous les bombes, le dock miné et la tonte de quelques femmes qui avaient été violente. Elle ne voyait pas l'interêt de reparler de tout ça...
de nouveau un texte très intéressant.
Merciii Renan