En 1942, la marine de guerre allemande, la Kriegsmarine installa à Bénodet une base de réparations et d'entretien pour ses dragueurs de mines. La 2de flottille des dragueurs de mines était composée de 8 unités mesurant 60 mètres et pesant 700 tonnes.

4 dragueurs de mines allemands au mouillage dans l'Odet.
Un ancien dock flottant de 72 mètres de long, pesant 680 tonnes, comportant 12 caissons, arriva à Bénodet en provenance de l'arsenal de Lorient, tiré par deux remorqueurs.

photo début années 1950

une escadrille de Mosquitos
" Le 4 juillet 1944, vers midi, la sirène d'alarme annonce aux habitants de Bénodet qu'un nouveau raid se prépare. En effet, une patrouille de trois Mosquitos, du Squadron 248 de la Royal Air Force a décollé de Portreath en Cornouaille et a pour objectif de détruire les bateaux à Penfoul et le dock de Kergaït".
Article du Télégramme sous la plume de Roger Philippe.
4 juillet : Bombardement de Kercreven. Le petit bois en face de la villa Dauchez a reçu deux bombes qui ont provoqué la démolition de la maison Kerbrat. " Tante Anne étant absente à ce moment là pour prendre son lait , sa sœur, seule, a eu la force de descendre dans la cave. Annie se préparait à aller à Kercreven. J'étais couchée quand le fracas de ce bombardement m'a épouvantée, la plus forte émotion de ma vie. Un bateau a été coupé en deux..."
Extrait du journal, tenu de Mai à Noël 44, par madame Joseph Boissel, propriétaire du Grand Hôtel à Bénodet, nous a été transmis par sa petite nièce, Mme Geneviève Manciaux, adhérente à Foën Izella. Y. et L.Nicolas.

Remise de décoration à Mathilde Capp . Outre son époux Noël Coatmen derrière elle, on reconnait également mais du côté droit de la table, Pierre Hyppolite, Jean Merrien, Christophe Bertholom et François Troboé.
"Une jeune fille, Melle Capp Mathilde, de Kercreven, a été grièvement blessée au bras droit par un éclat de bombe. Elle a été dirigée sur la clinique de Quimper".
Annick Le Douget
La gendarmerie de Fouesnant sous l'Occupation et à la Libération (rapport de la gendarmerie du 4 juillet 1944)
" Après avoir, le 3 juillet, cueilli des cerises à la Forêt-Fouesnant, je me suis rendu le lendemain à Kercreven pour les vendre aux Allemands sur leurs bateaux et dans leur foyer de Penfoul.En fin de matinée, je suis allé sur leurs bateaux avec ma plate et j'ai tout vendu. Au retour de Penfoul, les avions ont attaqué et je me suis mis à l'abri dans la propriété Crespel et là j'ai constaté que la jeune Mathilde Capp était gravement blessée au bras. Je l'ai soulevée et conduite chez le médecin. En cours de route, avisant un char à banc, j'ai mis Mathilde dedans puis je l'ai portée jusqu'au cabinet du docteur Abadie". Témoignage de Fanch Glérant, du hent glaz, recueilli par René Bleuzen pour Foën Izella.
" Mon père qui était auprès de ma soeur chez le docteur Abadie, m'a dit par la suite l'efficacité du médecin allemand qui y était arrivé : il a découpé le pansement déjà appliqué, pour pincer les vaisseaux et arrêter l'hémorragie. Mon père estimait que cette intervention avait été déterminante pour éviter le pire ".
Témoignage de Jean Capp frère de Mathilde, recueilli par René Bleuzen pour Foën Izella.
LE CRASH DU MOSQUITO ANGLAIS A KERANGUYON
" Les avions rasent les mâts des bateaux et larguent leurs bombes après mitraillage. Mais la DCA allemande installée sur les hauteurs de Créac'h conach (et à Combrit non loin de la pile ouest du pont -voir plan en couleur ci-après) veille et ne reste pas inactive. Et c'est le drame. On ne saura d'ailleurs jamais si c'est un obus de DCA qui a atteint un des appareils ou comme l'affirme un témoin caché dans le bois des Garennes, l'avion volant trop bas, aurait heurté le haut du mât d'un des navires allemand". Article du Télégramme sous la plume de Roger Philippe.
"Il était un peu plus de midi et je venais de déjeuner, ce 4 juillet 1944, lorsque "l'arsenal" (les installations de Kergaït) et les bateaux allemands ont été attaqués par les avions alliés. Je me trouvais à la ferme de créach conard, à proximité de la batterie allemande de trois pièces de DCA, installée près du château d'eau. Je voyais le départ des projectiles et j'ai distingué très nettement l'impact d'un obus sur un avion volant bas et qui virait devant la batterie, s'offrant ainsi aux tirs de DCA".
Témoignage de Jean Morvan recueilli par René Bleuzen pour Foën Izella.

" J'avais 16 ans en 1944. Le matin du 4 juillet, requis par les soldats d'occupation, j'avais travaillé avec une douzaine de camarades au creusement de trous dans la propriété de Bodigneau, à trois bons kms de Bénodet. A midi, nous venions déjeuner, à pied, lorsque s'est produite l'attaque aérienne sur les bateaux allemands. Je me souviens parfaitement avoir vu passer non loin de nous, d'ouest en est, une boule de feu que j'ai prise pour avion en flammes. Nous avons ensuite constaté que l'avion était tombé près de la ferme de Keranguyon dont certains bâtiments flambaient. Dans la cour gisaient les corps des deux aviateurs anglais, éjectés de leur appareil et morts sur le coup.Témoignage de Jean Capp recueilli par René Bleuzen pour Foën Izella.

Photo en provenance du war museum de Londres et prise juste après l'impact du mosquito.

A gauche le navigateur Robert Wylie Thomson, 31 ans et à droite le pilote Anthony Dockray Philips, 26 ans.
"Leurs corps affreusement mutilés restèrent sur place pendant 2 jours, les Allemands interdisant d'y toucher. Enfin, un officier donna l'ordre de les inhumer".
Cette photo fut donnée à Mme Marie Berrou, née Boulis, qui avec son époux Vincent, tenaient la ferme de Keranguyon, par la mère du navigateur, en 1946". Article du Télégramme sous la plume de Roger Philippe.

La tombe du navigateur Thomson au cimetière de Bénodet.

La tombe voisine du pilote Philips
"Après l'explosion, les débris de l'appareil et l'essence enflammée sont projetés sur les bâtiments de la ferme qui prennent feu. Deux employés de l'exploitation, Yves Glémarec et une toute jeune fille, Yvonne Laurent, étaient montés sur un talus pour assister au mitraillage et au bombardement. Voyant l'avion désemparé venir dans leur direction, il s'abritèrent derrière ce même talus. Après le choc, les deux employés sont environnés par l'essence enflammée qui s'est répandue sur le sol et leurs vêtements prennent feu aussitôt".Article du Télégramme sous la plume de Roger Philippe.

"Yves Glémarec se roule immédiatement à terre et réussit à éteindre les flamme. Malgré ce geste, il est grièvement brûlé et gardera les traces de ces terribles brûlures".
Article du Télégramme sous la plume de Roger Philippe.

.
"Le 4 juillet, devant mon domicile (près de la Poste), au moment de l'attaque des avions alliés contre l'arsenal de Bénodet, j'ai vu passer à basse altitude un avion duquel sortait une épaisse fumée. Avec mon camarade Norbert Duigou, j'ai couru vers le lieu de la chute, la ferme de Keranguyon avec l'idée de venir en aide aux aviateurs, ou bien comme on faisait partie de la Résistance, de récupérer des armes. Nous étions dans les premiers arrivés, les munitions éclataient encore et les éclats m'ont atteint à la jambe et à la main gauches, ce qui a nécessité ma conduite à la clinique du Sacré Coeur (à Quimper) où je suis resté huit jours". Témoignage de Ven Guillou, boucher, recueilli par René Bleuzen pour Foën Izella.

Norbert Duigou qui était le fils de M. Duigou , instituteur en poste à l'école de garçons de Bénodet.
7 juillet : "Beaucoup de monde à l'enterrement de la jeune fille Laurent victime du bombardement. Germaine avait fait une belle croix de roses. Les jeunes filles ont chanté. Au cimetière avaient été enterrés hier les deux aviateurs. D'énormes couronnes tricolores ornent leurs tombes".
Extrait du journal, tenu de Mai à Noël 44, par madame Joseph Boissel, propriétaire du Grand Hôtel à Bénodet, nous a été transmis par sa petite nièce, Mme Geneviève Manciaux, adhérente à Foën Izella. Y. et L.Nicolas.
Depuis 2012, une rue, située non loin du lieu du drame porte le nom de "rue des deux aviateurs".
Remerciements posthumes à tous les témoins de l'époque ainsi qu'à René Bleuzen. Sincères remerciements à Arlette Cornec, Yvonne Nicolas et Vincent Berrou pour la mise à disposition de photos et de témoignages.
Comments