Pour contrôler ce territoire nouvellement conquis, les Allemands ont besoin de logements pour les troupes et de bureaux pour installer leur administration, ce qui les conduit à réquisitionner de nombreux bâtiments. Bien entendu, les logements les plus confortables (châteaux, manoirs et autres villas) sont réservés en priorité aux états-majors et aux généraux. Au second rang des convoitises apparaissent les hôtels destinés aux services administratifs allemands et au logement des officiers. Les hôtels correspondent en effet parfaitement au cahier des charges de l’occupant (nombreux logements, possibilité de restauration, personnel déjà à disposition …
Les réquisitions sont françaises et, de ce fait, prises en charge par l'Etat français. La traditionnelle appellation de « réquisition allemande » induit très souvent le public en erreur, lui laissant croire que ce sont les autorités occupantes qui se saisissent librement de ce droit. Pourtant, c'est bien le Gouvernement français qui légifère en la matière
Il faudra non seulement payer une indemnité fixe mensuelle, mais également indemniser directement les propriétaires dont le bien est requis.
Chaque hôtel est étudié individuellement d’après les renseignements fournis par les hôteliers, les mairies et les gendarmeries. Si le propriétaire s’estime lésé, il peut contester en justifiant que le montant de ses factures est supérieur au quart de l’indemnité perçue.
Quant au personnel employé, il est à la charge du propriétaire s’il occupe toujours son hôtel, ou des Allemands dans le cas contraire.

Fig 1 : la carte des hôtels réquisitionnés

Fig 2 : Un exemple de réquisition d'hôtel prise sous le régime républicain, puisque datant du 18 octobre 1939, celui du Grand Hôtel tenu par la famille
Boissel.

Fig 3 : Note manuscrite jointe au document précédent : " L'intéressé fait remarquer que, suivant une note remise à la Préfecture, il se réserve le 1er étage de son établissement plus une salle à manger pour lui et sa famille et en plus des parents se trouvant dans la zone des armées ( à Lunéville en l'occurrence) susceptibles de venir se réfugier dans son établissement en cas d'évacuation obligatoire.
Ce qui pouvait être envisagé en octobre 1939, où la réquisition était prise pour favoriser l'accueil des ressortissants français susceptibles de quitter certaines zones du nord ou de l'est du pays, ne le sera plus fin juin 1940. La famille Boissel ne sera pas invitée par l'Occupant à demeurer dans son hôtel...
Comme pour les maisons, que nous étudierons dans un second temps, la réquisition pouvait être de courte durée. Il en est ainsi de l'hôtel des flots, de Mme veuve Henry au Lety (sic) qui semble avoir été occupé uniquement en septembre et octobre 1940. Il est vrai que son éloignement géographique par rapport au bourg pouvait être considéré comme un handicap.

Fig 4 : Facture de l'hôtel restaurant des flots de septembre 1940

Fig 5 : vue de l'hôtel des flots
D'autres hôtels hôtels ne seront pas occupés jusqu'à la fin de l'Occupation.

Fig 6 : La réquisition de l'hôtel de l'Ermitage " est levée depuis le 8 février 1943".
Cachet de la Mairie de l'époque et signature du "maire", du président de la délégation spéciale installée par les autorités françaises, Alain Kerbrat, militaire de carrière en retraite qui habitait Kercreven et semble avoir été apprécié de la population.

Fig 7 : En-tête de courrier de "l'ermitage", sans H à l'époque.
L'ancien nom de baptême de l'établissement, Ker Emile, était toujours utilisé après-guerre .
L'obligation d'attester les surfaces utilisées par les "Occupants"


Figs 7 et 8 : A la demande de Noël Jéquel, propriétaire de l'hôtel Beau Rivage, avenue de Kercréven, les plans de l'hôtel sont réalisés par François Corporeau, maître artisan à Ty Corn.

Fig 9 Alain Cosquéric (père) Le Trez ("artisan patenté") pour Jean Marie Daniel de l'hôtel Ker Moor en décembre 1942 avec toujours le cachet de la mairie et la signature du "maire" .

Fig 10 : Henri Tanneau de l'hôtel Beau Séjour joint les plans de l'entreprise de bâtiment Corentin Le Bris de Fouesnant.
Ce que nous apprennent aussi ces documents

Fig 11: L'hôtel Belle Vue est occupé depuis le 1er février 1944 par le personnel civil de l'arsenal de Lorient travaillant dans les ateliers de Kergaït.

Fig 12 : La hiérarchie est bien entendu respectée quant à la répartition des chambres. La dernière semaine du mois d'août 1940, 78 chambres sont occupées à l'hôtel Ker Moor.
Des récriminations diverses et variées de la part des hôteliers

Fig 13 : abus de consommation électrique au Grand Hôtel

Fig 14 : retard de paiement à l'hôtel de l'Océan
Les en-têtes

Fig 15 : Hôtel Belle Vue à Jean Louis Charretour

Fig 16 : Hôtel de la plage à Pierre Jacq (père)

Fig 17 : Hôtel Beau Séjour à Henri Tanneau
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